Bocairent, 14 avril 2019, Cavetes els Moros, X-XIe siècle. Cellules creusées en rhizome dans la falaise calcaire; anfractuosités témoignant du passé arabe de la ville. Pour passer d’un étage à l’autre, il faut se hisser et ramper d’une cellule à la suivante. A_____e me donne la réplique pour montrer l’extérieur.
El Pinos, 14 avril, dimanche des Rameaux. Armoires à glace, femmes élégantes courtes vêtues, retraités, enfants en poussettes, tout le monde est venu voir et entendre Jesus qui traverse le village sur son âne.
Dimanche 14 avril, arrivée sur Alicante.
Torreviejas, lundi 15 avril. Montagne de sel blanc sur lagune rose. C’est très surprenant et cent pour-cent naturel: une bactérie a pris ses quartiers dans cette eau de parc naturel.
Parque natural de Sierra de Baza, 16 avril. Faïences bleues, reflets des arbres dans le miroir d’eau; ce sera « mon Alhambra » faute de pouvoir visiter l’autre.
Monastère de la Cartuja, Grenade, 18 avril. Impossible de dessiner en deux secondes l’emboîtement vertigineux des espaces baroques; les jeux de transparence, claire-voie, reflets et illusions; l’amalgame complexe du détail fractal avec une pensée géométrique et rationnelle de la perspective.
Monastère chartreux dela Cartuja. La crème fouettée blanche, souple et ondulante des stucs baroques qui encadrent les oculus.
Grenade, Mercado San Angustín, 18 avril. On est pas venu pour ça, mais ces jours-ci, à Grenade, difficile d’y échapper. Les processions de La Semana Santa –avec pénitents en bonnets pointus, pesante musique funèbre et statues crispées dans la douleur– sont omniprésentes. Quand les brancards et les dais ne sont pas en goguette, ils sont garés dans les dizaines d’églises ruisselantes d’or pour l’adoration des touristes ou des fidèles.
Mercado San Augustín, 18 avril, Grenade. Pour échapper à la pluie battante, ruée gastronomique sur une pâtisserie des halles. Laborieux exercices de portraits « mobiles » dont la diformité est d’autant plus crillante que le modèle est connu…
Inquisition, Palacio de los Olvidados, 19 avril. Sans doute pour compléter la compréhension historique du phénomène religieux à Grenade, une exposition d’instruments de tortures [sic] prend place dans cette demeure du XVIe siècle. Raffinements horribles dans les moyens d’affliger la souffrance et la mort. Nausée. Vertigineux effets de miroir, quand les tortures infligées par les inquisiteurs ne sont pas pires que les blessures subies par les martyrs chrétiens adorés.
Mais Grenade c’est aussi un vaste campus universitaire moderniste dont les temples de béton sont déserté ces jours-derniers; une ville punk aux murs couverts des slogans féministes, transgenres, anarchistes; des joggeurs au petit matin trottinants dans les rues vides; d’immenses supermarchés lumineux étalants les mêmes chaussures de sports qu’ailleurs, à l’infini.
Las Meninas, vendredi 19 avril, Grenade. Petit bar réconfortant où nous nous livrons à l’art du cadavre exquis autour de quelques tapas non moins délicieux.